L’Atelier de Design Urbain a pour objectif de créer des sentiers de randonnée métropolitains. Pour répondre à cette demande, mon groupe et moi-même couvrons le secteur de l’Isère aval composé de cinq communes : Sassenage, Fontaine, Grenoble, Saint-Martin-Le-Vinoux et Saint-Egrève. Notre terrain se caractérise par des espaces variés ayant pour dénominateur commun la proximité avec les cours d’eau et les rivières que sont le Furon, la petite Saône, le Drac et l’Isère.
Notre point de départ se situe dans la commune de Sassenage. Elle offre un cadre proche de la nature notamment avec les Cuves. Ce lieu de promenade, déjà balisé et facile d’accès, se compose de plusieurs cascades, et remonte la rivière du Furon avant de redescendre dans le centre de Sassenage. Plusieurs équipements à but éducatif, sur l’environnement sauvage du Vercors et la formation géologique du lieu, accompagnent le sentier, ce qui rend la marche et la découverte de cet espace ludiques. Lors de notre excursion, les Cuves de Sassenage nous sont apparues comme essentielles dans l’élaboration de notre projet.
En outre, Sassenage possède plusieurs sentiers de randonnée près du Furon et de la petite Saône rejoignant le parc de l’Ovalie. Ces sentiers nous permettent de longer les berges aisément. Le cadre verdoyant de cette commune est apaisant et semble faire un lien évident entre nature et ville. Pour continuer notre excursion, nous décidons d’emprunter les voies vertes qui longent le Drac : elles sont aménagées avant tout pour les cyclistes. Leurs linéarités, et l’absence de changement dans le paysage créent une forme d’ennui : on ne semble jamais en voir la fin. La marche devient un effort bien que le sol soit plat et la cadence de nos pas relativement lente. Par moment, les vélos nous dépassent, nous prévenant de leur passage. Certains cyclistes semblent presque surpris de la présence de piétons sur les voies vertes. L’un d’entre eux, après nous avoir dépassé, s’est même exclamé « C’est pour les vélos ici ! » en poursuivant sa course. Une réaction qui nous a largement interrogés : est-il possible de penser les voies vertes différemment pour faciliter la présence des piétons ?
Nous rejoignons la Presqu’île par un pont traversant le Drac, conçu principalement pour la circulation des automobilistes. Le bruit continu des voitures est en rupture complète avec le cadre naturel et calme des Cuves de Sassenage. Nous retrouvons la ville, son fond sonore de pots d’échappement, et sa pollution. Le tracé du chemin que nous empruntons est toujours aussi linéaire, et longe à la fois la route et l’Isère. Pourtant, lorsque nous arrivons dans la Presqu’île avec son architecture moderne mettant en avant la technologie et l’ingénierie grenobloise, un certain calme se fait. Le peu de monde et de voitures dans les rues associés aux infrastructures aux allures imposantes nous fait voyager dans un lieu hors du temps, presque futuriste. La Presqu’île semble être une vitrine de la ville de demain. J’apprécie fortement ce glissement que nous faisons de la nature à la ville tout au long de notre excursion.
Enfin, nous traversons cette fois-ci l’Isère par un pont reliant la Presqu’île à la commune de Saint-Martin-Le-Vinoux. Nous retrouvons les voies vertes qui longent cette fois-ci le tram et qui sont accolées au premier pan du massif de la Chartreuse. Petit à petit, nous rejoignons Grenoble où nous mettons fin à notre excursion.
À la fin de cette journée de terrain, je suis partagée entre l’enthousiasme de la découverte des Cuves de Sassenage et l’ennui des lignes continues et sans fin des voies vertes. De plus, je dresse le constat que notre secteur de l’Isère aval présente un double enjeu non négligeable : parvenir à intégrer la présence des piétons sur les voies vertes et prendre en considération le projet d’aménagement « Mikado » proposé par la Métropole. En effet, le secteur dans lequel nous travaillons devrait subir des transformations. Il est notamment prévu de créer un parc à la pointe de la Presqu’île. Il est donc primordial que nous prenions en compte ces aménagements métropolitains à venir dans l’élaboration du tracé de notre sentier.
Récit de sentier réalisé par Michard Claire, Étudiante en Master 1 Design Urbain à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine.
Dans le cadre de la matière ‘Atelier’ en master 1 de Design Urbain, la promotion a été chargée d’élaborer des sentiers métropolitains. Plusieurs groupes ont été formés dans le but d’élaborer un sentier métropolitain à différents endroits de la métropole grenobloise.
Le groupe dans lequel je suis est composé de Charlotte Cravoisier, Arthur Dutilloy et de moi-même, Charlotte Méret. Nous avons décidé d’élaborer un sentier métropolitain dans le secteur ‘Isère amont’ (encadré orange sur la carte).
Pour réaliser un trajet, il nous fallait d’abord découvrir le secteur. C’est pourquoi nous nous sommes rendu.e.s dans ce secteur le vendredi 8 octobre, accompagné.e.s de Valentin, le frère d’Arthur.
L’objectif de la sortie était de découvrir et expérimenter les différents chemins entre Gières (38610) et Domène (38420).
Carte topographique IGN de la métropole grenobloise. Source : Géoportail
Se rendre sur le lieu de découverte
Étant donné mes douleurs aux chevilles, j’ai dû prendre mon vélo pour me déplacer plus facilement durant la journée. Et pour pouvoir emmener le vélo à l’endroit que nous souhaitions, nous avons décidé de prendre le train.
Pour nous rendre à Gières, nous avons pris le train à la gare de Grenoble et nous nous sommes arrêté.e.s à l’arrêt “Grenoble Universités – Gières”. J’ai trouvé cela assez simple et pratique d’aller à Gières, car les trains sont fréquents, le trajet est gratuit avec l’abonnement TAG, et la gare de Grenoble n’est pas très grande et il est donc facile de se repérer.
Arrivé.e.s à la gare de Gières, nous nous sommes dirigé.e.s vers le nord afin de prendre le Chemin de la Digue qui longe la rive gauche de l’Isère. Une fois sur le chemin, nous avons déambulé dans les chemins, forêts et routes jusqu’à Domène.
Durant notre marche, 2 détails étonnants ont retenu mon attention : la présence d’alignement et la présence d’espèces envahissantes.
Photo prise à côté du palais des sports de Gières. Source : Charlotte Méret
Les alignements
Le premier détail qui m’a marqué durant cette journée est la forte présence d’alignement d’objets. Tous les alignements que j’ai pu observer sont constitués à partir d’objets différents (qu’ils soient vivants ou non-vivants). Mais j’ai aussi observé un point commun à tous ces alignements : c’est qu’ils ne sont pas naturellement présents dans l’environnement, et ont tous été façonnés par l’être humain.
Ma première expérience avec des alignements a été avec l’alignement d’arbres (peut-être des bouleaux) juste après la plaine des sports à Gières. J’ai trouvé cette répétition d’arbres très longue, voire interminable, mais je trouvais cela assez joli, car cette répétition d’une même espèce végétale coupait les montagnes en arrière-plan. En effet, je ne pouvais pas observer les montagnes entièrement, mais seulement par intermittence, comme dans un vieux film avec peu d’images par seconde.
Durant cette promenade, il y avait aussi des plants de vigne vierge vraie et j’ai beaucoup aimé voir cette espèce le long du trajet, car elle était d’une couleur rouge vif. L’automne est la saison que je préfère, car la végétation présente une multitude de couleurs. Elle peut être vert foncé, vert clair, jaune, ou bien rouge, et je trouve que le paysage est beaucoup plus joli avec ce gradient de couleur.
D’autre part, les cyclistes sont aussi très présent.e.s le long de ces alignements et roulent très vite. Une personne était même énervée, car nous prenions trop de place pour qu’elle puisse passer. J’ai trouvé cela un peu moins paisible de voir des cyclistes nous frôler sans même ralentir leur allure.
Alignement d’arbres à côté du palais des sports de Gières. Source : Charlotte Méret
Au fil de la promenade, j’ai également observé une forêt d’arbres plantés en bordure de champs. Cette fois-ci c’était un alignement plus complexe, car ce n’était pas seulement un alignement d’objets, mais plusieurs alignements d’objets formant une forêt.
Nous sommes allé.e.s voir cette forêt afin de savoir si nous pouvions la traverser et j’ai beaucoup aimé me promener à travers ces arbres parfaitement ordonnés. Tous les arbres sont de la même taille, sans branche ni feuille sur le tronc excepté en haut de l’arbre.
J’ai également apprécié me balader dans cette forêt, car c’était très paisible. J’entendais les chants d’oiseaux, l’odeur humide des forêts ; mais ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est de lever la tête et observer le ciel à travers la cime des arbres.
En revanche, une part de moi-même n’était pas très sereine, car, cette année, j’ai attrapé 3 tiques et j’avais peur d’en avoir de nouvelles. Je faisais donc attention là où je marchais.
Forêt d’arbres plantés entre Gières et Domène. Source : Charlotte Méret
Ensuite, nous sommes passé.e.s sur un pont et j’ai vu une plaque de tôle formée de lignes parallèles accrochées au pont. Je me demande à quoi pouvait servir cette tôle.
Photo prise par-dessus un pont pour observer la rivière de l’Isère. Source : Charlotte Méret
Ensuite, nous nous sommes arrêté.e.s sur une aire de pique-nique afin de faire un point sur ce que nous avons vu et ce que nous prévoyons de faire par la suite. À ce moment-là, j’ai remarqué qu’il y avait encore des alignements d’objets, et cette fois-ci c’était avec des planches en bois. J’ai trouvé cette aire de pique-nique un peu triste : je n’observais rien de joli, pas de beau paysage, pas de vue sur l’Isère, et pas de panneau d’affichage explicatif sur ce qui nous entoure. J’avais l’impression d’être sur une aire d’autoroute peu utilisée et pas entretenue.
Aire de pique-nique sur la commune de Domène. Source : Charlotte Méret
J’ai également observé toutes ces rangées de légumes parfaitement alignées. Ces alignements m’apportent une certaine satisfaction dans ce que j’observe. Ces alignements entrent totalement en contradiction avec la nature, qui pour moi n’est pas ordonnée et alignée comme cela. De plus, j’ai été surprise d’observer ces champs alors que nous ne sommes pas très loin de la ville. Quand je regardais autour de moi, je ne voyais pas d’immeuble ou de concentration d’habitations. Je voyais seulement des champs, des forêts, et des montagnes et j’avais l’impression d’être en pleine campagne, coupée de la ville. Les plantations présentaient aussi une grande diversité de couleurs, allant du bleu ciel reflété par la bâche plastique noire au vert foncé des poireaux.
Champs de cultures entre Gières et Domène. Source : Charlotte Méret
J’ai vu des alignements de grillages et de poteaux au niveau du centre de compostage de la métropole grenobloise à Domène. Les grands poteaux du centre de compostage m’ont rappelé ma région (la Bretagne), car ces poteaux m’ont fait penser aux mâts des bateaux.
Centre de compostage de la métropole de Grenoble situé à Domène. Source : Charlotte Méret
J’ai aussi vu de gros câbles électriques à la fin de la promenade. J’étais surprise de voir ces câbles sortir de nulle part et traverser la rivière.
Câbles électriques observés pendant la marche entre Gières et Domène. Source : Charlotte Méret
Arrivée à Domène, j’ai eu l’impression que c’était la fin de la promenade, car le calme avait disparu pour laisser la place au bruit continu des voitures prenant le rond-point. L’arrivée à Domène a aussi été marquée par la présence du bitume et de passages piétons.
Passage piéton à Domène. Source : Charlotte Méret
Il y avait aussi un skate park en cours de construction et un espace sportif, mais je ne sais pas à quoi pouvait servir cet espace.
Domaine sportif à Domaine avec une skate-park et une aire sportive. Source : Charlotte Méret
Les espèces envahissantes
Pendant cette journée, j’ai également été étonnée de voir autant d’espèces envahissantes. Je repère rapidement certaines espèces envahissantes, car j’avais l’habitude d’en observer durant mon précédent stage. J’en ai parlé à mes collègues de classe et ne savaient pas du tout que c’était des espèces envahissantes. Je me suis dit que cela serait intéressant de mettre en place des panneaux d’informations. Tout au long de la marche, j’ai observé de nombreux Robiniers faux-acacia (Robinia pseudoacacia L.) de taille très différente (certains faisaient plusieurs dizaines de mètres de hauteur). Durant mon précédent stage, j’ai appris que l’on pouvait cuire les fleurs sous la forme de beignets et je me suis dit que cela serait l’occasion de tester la recette ici et de tirer profit de cette espèce envahissante. J’ai aussi remarqué qu’il y avait beaucoup de vignes vierges vraies (Parthenocissus quinquefolia) qui proliféraient le long de l’Isère ou bien sous les arbres.
Du Robinier faux-acacia et de la Vigne vierge vraie observés entre Gières et Domène. Source : Charlotte Méret
Après avoir vu le robinier-faux-acacia et la vigne vierge vraie, j’ai été très étonnée de voir d’autres espèces envahissantes : j’ai vu quelques plants de Buddléias (ou Arbre à papillons) (Buddleja davidii Franch), des bambous et énormément de plants d’Ailantes (Ailanthus altissima). Il y avait également énormément de Renouées du Japon (Reynoutria japonica Houtt) le long de l’Isère.
Au niveau des Renouée du Japon, j’ai trouvé le paysage magnifique. Il y avait la Renouée et juste derrière l’Isère d’une couleur plutôt gris-bleu. L’Isère a une couleur très particulière que je n’avais jamais vue auparavant. Derrière la rivière, il y avait de grands conifères et les montagnes (Figure 15). Cela fait à peine 2 mois que je vis dans les montagnes et je n’ai pas encore pris l’habitude d’en voir. À chaque fois que je les vois, je me sens dépaysée et je prends conscience que j’ai de la chance d’en voir tous les jours.
Plant de Renouée du Japon observés le long de l’Isère entre Gières et Domène. Source : Charlotte Méret
Plant de Buddleia observé le long de l’Isère entre Gières et Domène. Source : Charlotte Méret
Récit de sentier réalisé par Méret Charlotte, Étudiante en Master 1 Design Urbain à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine.
Il est 8h40, je pars de chez moi pour aller à la gare de Grenoble. Je prends plusieurs modes de transports : en premier le bus (bondé) puis je m’arrête à Victor Hugo pour prendre le Tram A (bondé également). Arrivée à la gare, j’attends mes camarades de groupe d’atelier pour prendre le train de 9h06 en direction de Chambéry-Challes-les-Eaux.
Nous avons décidé de prendre le train pour s’arrêter à la gare de Gières. La commune de Gières est censée être le point d’arrivée de notre sentier métropolitain, mais pour des questions d’organisation nous avons arpenté notre chemin à l’envers.
Arrivés à la gare de Gières, le rythme de cet espace est cadencé par des étudiants à pied descendant du train ou à vélo aux abords de la gare. Ce lieu plutôt bruyant (où la descente du train s’accompagne par un passage souterrain assez glauque avec des odeurs désagréables) donne tout sauf envie de rester dans cet environnement. Rapidement sortis de ce passage souterrain, nous traversons la route et notre balade peut enfin commencer plus doucement.
Le passage de la ville à la nature, du bruit au calme, d’espace en mouvement à un espace plus reposant se fait relativement vite.
Cette rupture peut se ressentir dès lorsque nous nous engageons sur la voie sur berge à Gières. La présence d’arbres apaise cette voie. Cette voie suit la forme de l’Isère. Elle est tout de même dynamique, des vélos sont de sortie pour se balader ou pour faire du sport. Un monsieur nous a fait la remarque, ou plutôt crié dessus : « Oh ! Comment je passe moi maintenant ! » Cette voie est également empruntée par des joggeurs ou des personnes âgées en groupes qui se promènent.
Ce chemin reste dans une ambiance “semi-urbaine” car nous entendons le bruit de quelques voitures, et nous ressentons encore les tremblements du train, tout en entendant quelques bruits de nature avec des chants d’oiseaux de sonorités diverses.
Après avoir fini d’emprunter ce chemin, la fracture entre « la ville et la campagne » se ressent amplement. Nous entendons encore quelques bruits urbains, mais nous ne voyons que des champs, aucun bâtiment, peu de routes bitumées : un paysage assez « vintage ».
Nous rentrons sur un chemin en gravier bordé par des champs de cultures différentes. Un des champs m’a particulièrement plu : le champ de salades. Il forme un dégradé de vert parfait et très aligné.J’ai moins aimé ce champ lorsque Charlotte m’a dit : “Tu vois les bâches en plastique qui structurent une partie du champ ? Dessous, il y a plein de pesticides.” Après ce champ, nous avons longé un chemin encadré encore de champs agricoles où de nombreux agriculteurs s’activent pour effectuer la récolte du jour. Des tracteurs passent à côté de nous. Ces bruits de moteur ont cassé le calme qui s’opérait.
Puis, nous nous sommes arrêtés pour contempler un vieux cabanon en pierre enseveli de plantes grimpantes rouges. Après quelques recherches, ces plantes grimpantes s’avèrent être des feuilles de vigne vierge vraie, une plante envahissante réduisant la biodiversité. Le long de notre sentier, ces vignes nous ont accompagnées comme beaucoup d’espèces invasives.
Ensuite, nous nous sommes laissés guider par un chemin en terre menant à une plantation forestière. Ce passage de notre balade a été mon préféré. L’alignement des arbres était plaisant à contempler et le soleil tapait sur les feuilles, ce qui laissait apparaître des ombres en dentelles.
Ce cheminement dans une forêt très structurée nous a ensuite conduit vers une forêt plus naturelle avec moins de traces anthropiques. De nombreuses espèces d’arbres étaient présentes. Cette sensation d’être entourée de “vraie” nature m’a rappelé mon enfance. Cette forêt me faisait penser à celle qui se trouvait à côté de chez moi, où j’ai passé des journées entières à faire des cabanes avec mes copains quand j’étais petite.
Après avoir eu l’impression de s’être perdus, nous avons rejoint très rapidement les berges situées à côté de Domène. Nous nous sommes assis sur des tables de pique-nique situées juste après notre expédition en forêt. Ces tables étaient implantées au milieu de rien. Il n’y avait pas de vue, ni sur l’Isère ni sur les montagnes : des tables au milieu d’un lieu sans grand intérêt.
Puis nous avons suivi les berges : au début nous avons vu un paysage agricole, similaire à celui de Gières. Puis, très rapidement, des mouvements urbains se sont vus et ressentis dès que nous avons aperçu le centre de compostage de Domène. À partir de ce moment, nous avons aperçu un autopont, des poteaux électriques ; c’était la fin de notre parenthèse.
Récit de sentier réalisé par Cravoisier Charlotte, Étudiante en Master 1 Design Urbain à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine.
Cette balade dans la vallée du Grésivaudan entre Gières et Domène était un pur plaisir. Après cette journée, je me rends compte que cette marche était comme un retour à la maison. En effet, même si j’étudie dans une grande ville, je me revendique toujours comme campagnard (le blason percheron guette toujours sur la vitre de mon appartement).
Dès le début de notre journée avec Charlotte, Charlotte et mon frère jumeau Valentin -invité surprise-, j’ai ressenti des similitudes entre les trajets que je faisais autour de chez moi et le trajet de ce jour.
Ce matin-là, nous sommes partis de la gare de Grenoble, et un quart d’heure plus tard, nous nous sommes retrouvés à la gare de Gières, à la limite entre l’urbanisation et la nature. C’est le temps que je mettais en train pour rentrer du lycée de Nogent-le-Rotrou, en ville donc, pour revenir à La Loupe, petite ville entourée par les champs et forêts alentour.
Puis, après 5 min de marche, on se retrouve sur les berges de l’Isère : les bruits de la ville n’existent presque plus ; un train passe au loin de temps en temps. Les grands immeubles ne sont presque plus visibles.
Afin de quitter définitivement la ville, nous longeons pendant un kilomètre un méandre de l’Isère pour rejoindre la plaine agricole de Gières. Nous croisons au fil des arbres : des petits jardins, des champs de maïs, des corps de ferme, un tracteur… mais encore beaucoup de cyclistes qui préfèrent vous crier dessus au lieu d’utiliser leur sonnette.
Mais une fois la piste cyclable quittée, nous entrons enfin dans la plaine agricole de Gières. En un rien de temps, on se retrouve dans un espace beaucoup plus rural, comme à la maison. Des champs à perte de vue, des maisonnettes en pierres et des arbres solitaires plantés en plein milieu des champs. Ce paysage est plus montagneux et moins vallonné que dans le Perche, mais on s’y croirait. On aurait pu transférer ce bout de terre en Normandie…
Pour dessiner la suite de notre parcours, nous avons décidé de descendre de la digue pour déambuler dans les chemins gravillonnés empruntés par les agriculteurs et quelques rares randonneurs.
En avançant, nous avons croisé d’autres tracteurs, et des gens qui récoltaient les salades. Nous étions en plein milieu du travail agricole – beaucoup plus calme que les va-et-vient des moissonneuses-batteuses qui récoltent les céréales autour de ma maison tout l’été. Ces champs de légumes étaient beaux à voir, car cela fait un magnifique dégradé bleu-vert, qui contraste avec les parcelles de maïs jaunes et marron. Toutes les vues depuis cette plaine sont belles à voir. Pour les néophytes de la montagne comme moi, le dépaysement est assuré.
En parlant de ça, depuis que je suis arrivé à Grenoble, et que par une occasion je suis monté à Venon, je suis “tombé en amour”, comme diraient les Québécois, avec la vue qu’on a du chêne de Venon : cet arbre magnifique domine toute la vallée. Il se distingue des autres en étant tout seul au milieu d’une colline… (je suis en train de penser que ça ressemblerait à une carte postale type du Perche.) Et par chance, depuis la vallée où nous marchons, il est possible de regarder ce monument naturel sous plusieurs angles : depuis la Plaine des Sports à Gières, au milieu des parcelles, sur la digue ou à Domène. À vous de choisir le meilleur emplacement…
Ensuite, au détour d’un virage, par surprise, nous avons vu un chemin qui allait dans une forêt. Alors, on l’a pris sans réfléchir, car nous nous sommes dit qu’on pourrait varier les ambiances de notre sentier métropolitain. En plus, une fois dedans, on n’entendait plus rien : Grenoble n’existait plus, seuls les oiseaux chantaient. Un moment calme, vraiment agréable pendant notre balade. À même pas 10 kilomètres de Grenoble, on peut se promener en forêt, chercher son chemin en évitant la boue (ou en sautant dans les flaques, si vous êtes cap’). On change totalement d’univers, aussi rapidement que nous sommes passés de la ville à la campagne. Mais une fois dedans, nous avons tâtonné longtemps pour trouver la sortie de la forêt. Heureusement, il y a une issue qui nous a ramenés vers la digue, en face d’une aire de pique-nique : parfait, pour faire une pause.
Cela me fait penser à mes balades, quand j’étais plus jeune, dans la forêt de Senonches, une grande forêt domaniale à une dizaine de kilomètres de mon domicile. Je courais, je grimpais aux arbres, je sautais sur les troncs morts pour qu’ils craquent.
Enfin, une fois sorti de la forêt, la balade fut beaucoup plus calme, car nous suivions à nouveau l’Isère pour rejoindre les Chenevières à Domène. Et quand nous avons quitté le sentier pour rejoindre un rond-point, l’ambiance a radicalement changé. Le bruit est revenu : nous entendons à nouveau des voitures circuler, des bus passer : l’effervescence d’une ville revient à nos esprits. C’est ainsi que la parenthèse campagnarde que fut notre marche s’achève.
Récit de sentier réalisé Dutilloy Arthur par , Étudiant en Master 1 Design Urbain à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine.
Il est 8h30, nous arrivons sur les lieux du point de départ de notre balade, il s’agit du parc Karl Marx. Il fait froid, le début de l’automne se fait ressentir. Un premier élément qu’il fallait prendre en considération pour le déroulé de notre randonnée. Une tenue adaptée était de rigueur pour profiter au mieux de la marche tout au long de la journée. Nous décidons de commencer notre marche, en prenant en considération les points que nous avions ciblés auparavant. Seulement ni moi, ni mes deux autres partenaires ne connaissions cet endroit. De ce fait, pour trouver le sentier de départ, il nous a fallu une quinzaine de minutes en faisant des allers-retours dans le parc Karl Marx. Néanmoins, nous en avons plus rigolé qu’autre chose, au final nous avons réussi à trouver le bon sentier. C’était un soulagement, l’ascension pouvait enfin débuter.
… La randonnée peut débuter…
Source : Arnaud Charra
Nous marchons, à un bon rythme qui convient à l’ensemble du groupe. L’objectif n’est pas de faire une course, mais bien de trouver notre sentier métropolitain. Il fait beau et nous en sommes contents, après le début de semaine que nous avons passé. Très vite, nous prenons de la hauteur : il faut dire que le Vercors n’est pas réputé pour être plat. On surplombe la ville de Seyssins, avec une vue dégagée sur la Chartreuse et la Bastille, mais aussi sur les pentes du beau massif de Belledonne.
La randonnée se déroule sans embûche, nous trouvons les points par lesquels nous voulions passer, parfois surpris par ceux-ci. En effet, il me vient en tête le cas de la ferme Froussard, dont il ne reste plus que des ruines alors que nous pensions tomber sur une ferme en bon état.
Au fil de notre marche, les couleurs changent, la température augmente, ce qui rend l’activité plus compliquée et une perception des éléments qui nous entourent différente.
Au cours de notre randonnée, l’un des moments qui m’a le plus marqué est le désert Jean-Jacques Rousseau. On entre par une porte et on en ressort par une autre. J’ai eu l’impression d’entrer dans un autre monde : tout ce qui m’entourait me semblait grandiose, que ce soit la végétation ou la roche. Jusqu’à présent, nous avions la ville en bruit de fond, notamment le son des klaxons et des voitures ; mais à ce moment-là, il n’y avait que nous et la nature. Quel bien fou cela a pu procurer à mon esprit !
Source : Arnaud Charra
… notre randonnée ne se résume pas seulement à la marche.
Tout au long de notre marche, une très bonne ambiance de groupe en est ressortie. En effet, la plupart du temps, nous avons énormément rigolé, nous nous sommes inventé des histoires, mais aussi encouragés lorsque ça commençait à devenir un peu plus compliqué physiquement. Bien évidemment, nous avons appris à mieux nous connaître en racontant des histoires personnelles que nous avions vécues, ou bien sur notre vie en général. Je pense que la marche contribue à mieux connaître les personnes avec qui nous la pratiquons puisque nous sommes obligés de prendre notre temps. Peut-être pouvons- nous expliquer cela par le fait qu’avec la marche nous vivons davantage à notre échelle ?
Récit de sentier réalisé par Charra Arnaud, Étudiant en Master 1 Design Urbain à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine.
Nous avons commencé la marche à l’arrêt de tram Hubert Dubedout — Maison du Tourisme et nous nous sommes dirigés vers la Bastille. Nous sommes passés par le Jardin de Ville, puis nous avons longé la rivière sur un trottoir étroit, frustrés par le fait que l’un des espaces les plus précieux de la ville, le remblai, est dédié aux voitures.
Nous sommes arrivés à la Passerelle Saint-Laurent qui était pour nous comme le salut, car elle nous a emmené de l’autre côté, où, en tant que piétons, nous étions à nouveau pris en compte. Ensuite, nous ne sommes montés qu’à mi-chemin à la Bastille pour avoir un peu de vue sur la ville d’en haut, et nous sommes redescendus pour avoir suffisamment de temps pour la promenade en ville qui était notre objectif principal ce jour-là. De retour en bas, en ville, c’était à ce moment-là que nous avons perdu notre premier objectif visible : la Bastille. Nous nous sommes donc laissés guider pour la première fois par la ville. Odeur de crêpes, il faut la suivre ! Cela est devenu le thème de notre marche.
Le long du reste de la promenade, nous avons suivi notre intuition, le changement de couleur, les textures intéressantes sur les façades ou le son de la musique. À plusieurs reprises, nous avons dû faire demi-tour pour choisir un autre chemin; et à d’autres moments nous ne voulions rien de plus que de nous échapper de notre emplacement actuel : par exemple au Boulevard Maréchal Foch.
Dans ces cas-là, nous avons alors choisi la sortie la plus rapide. Cependant, la plupart du temps, ces stimuli sensoriels nous ont conduits vers des espaces que nous avions envie d’explorer. J’ai été surprise par tout ce que la ville peut offrir lorsqu’on ne la traverse pas simplement avec l’intention d’aller quelque part, mais lorsque l’on se concentre sur les différentes atmosphères qu’elle crée. Nous avons ressenti de nombreuses émotions tout au long de la marche : de l’excitation et de la curiosité à la frustration ; ou de la tension, jusqu’au soulagement, et le sentiment de confort chaleureux.
Ce qui était intéressant pour moi, c’était aussi à quel point certains espaces que je connaissais déjà me semblaient différents et nouveaux lorsque j’y marchais d’une autre direction que d’habitude. En commençant cette marche, j’étais un peu sceptique quant à trouver une expérience intéressante en traversant le centre-ville déjà exploré, mais je suis certaine maintenant qu’il y a encore de nombreuses histoires à découvrir.
Récit de sentier réalisé par Czerneková Alexandra, Étudiante en Master 1 Design Urbain à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine.
Cet ouvrage de Florence Huguenin-Richard se compose d’un corpus d’articles scientifiques traitant tous des piéton(ne)s. Effectivement, ces derniers discutent des piéton(ne)s sous différents angles, à savoir :
Leurs représentations c’est-à-dire leur place plus ou moins importante dans l’espace qu’il occupe
L’impact des aménagements sur ces derniers et leurs propres perceptions de l’environnement
Les enjeux de leur sécurité à travers leurs compétences physiques et cognitives
Ces articles font l’objet de nombreuses enquêtes ce qui permet d’être face à la réalité des faits et de comprendre au mieux les sujets expliqués. Ainsi, ces articles nous affirment que la marche à pied est une pratique, un mode de déplacement, aux vertus nombreuses (physiques, sociales, environnementales, etc…) réalisé par le piéton(ne) qui se projette différemment dans le territoire. En effet, un(e) piéton(ne) peut avoir un sentiment d’intrusion dans la ville s’il ne se sent pas à sa place. Cela signifie que la ville n’est pas aménagée de manière adéquate pour le piéton, par la mauvaise sécurité ou encore un environnement trop oppressant. C’est d’ailleurs la critique de l’art expressionniste représenté par la ville de Berlin avec l’arrivée de l’industrie, le piéton(ne) a la sensation de se perdre dans la ville : la nature s’efface au profit de l’immensité du bâti. (Cf. Figure 1) Il s’agit ainsi de l’influence de la morphologie de la ville.
« La mort de la flânerie »
(Théo Soula, Portrait du flâneur en intrus, p.15)
Le rôle de l’aménagement est donc très important. Le rapport piéton-véhicule motorisé peut paraître angoissant, de cette manière la séparation des voies de circulation est une solution rassurante et plus sécuritaire pour les piéton(ne)s de tout âge. Il en est de même avec une présence réconfortante de la nature par le biais d’arbres ou encore de parcs. De plus, la signalisation, la réduction de la vitesse des véhicules motorisés, une meilleure organisation de chemins piétonniers, etc… permettent une meilleure sécurité et donc des représentations de l’environnement plus positives incitant à la marche. Un article de Julien Dario « Le piéton face à la ‘ville imperméable’ » montre un contre-exemple d’aménagement ayant un impact positif sur les piéton(ne)s. Ce dernier présente effectivement le cas des résidences fermées qui impliquent un détour par les piéton(ne)s qui ne peuvent pas (ou plus) se déplacer sur les chemins souhaités. Ce type d’aménagement crée une rupture de la trame verte pénalisant le mode doux et favorise ainsi les véhicules motorisés, plus pollueurs pour la planète.
Cet ouvrage montre également que l’âge est un élément important à prendre en compte par rapport aux compétences physiques et cognitives qui évoluent. Effectivement, les réactions et représentations sont différentes selon l’âge de l’individu concerné. De ce fait, les sorties d’écoles doivent être aménagées en conséquence au vu de l’affluence plus forte d’enfants qui se sentent rassurés par des aménagements favorables à leur sécurité et dans un environnement calme. Ce sont d’ailleurs les enfants âgés de 5 à 9 ans qui sont les plus à risque d’avoir une interaction avec les véhicules motorisés. Les personnes plus âgées suggèrent la même demande de sécurité du fait de leur capacité physique ne leur permettant pas tout le temps d’être en sécurité lorsqu’ils traversent une route par exemple.
« Des interactions surviennent entre les piétons et les autres usagers environ une fois sur cinq »
(Juan Torres and al…, Piétons enfants, adultes et aînés, p.160)
Cette lecture permet de comprendre, par les travaux présentés, la perception, le ressenti des marcheurs dans la ville. Mais également la gêne ou l’efficacité, et l’appréciation des aménagements mis à disposition pour diminuer les accidents et augmenter leur sécurité. Il me permet ainsi de comprendre les enjeux de l’aménagement piétons dans une ville et notamment au gré des époques. Les mentalités industrielles du XIXe siècle sont effectivement différentes de nos mentalités actuelles beaucoup plus proches de la nature. Les perceptions des piéton(ne)s sont ainsi différentes et les aménagements évoluent.
Dans notre sentier, cet ouvrage va m’aider à prendre en compte tous les aspects environnementaux, cibler la population concernée par la randonnée afin de mettre en place le meilleur aménagement piéton. Le sentier devra avoir un maximum de sécurité pour les piéton(ne)s lors de passages sur des voies de circulation rapide à véhicules motorisés et dans le secteur de la ville. De plus, le sentier que nous devons créer devra passer par des espaces où l’Homme ne se sent pas oppressé, où aucun sentiment d’intrusion ne peut se faire ressentir. Cela évite ainsi la mort de la flânerie comme l’explique J. Réda du fait d’une relation conflictuelle entre les piéton(ne)s et les voitures.
De mon côté, j’ai trouvé cette lecture très intéressante et facile. Les nombreuses enquêtes des articles sont expliquées clairement par les méthodes de travail utilisées. Ceci m’a ainsi permis de mieux comprendre comment procéder à de telles recherches sur un sujet précis et comment les expliquer par la suite. Les articles sont effectivement très bien choisis et éclaircissent tous les points mis en avant dans le colloque de COPIE de façon la plus réaliste possible. Cette lecture m’a permis d’apprendre beaucoup en termes d’aménagement du territoire et notamment en lien avec le mode de transport doux. Il s’agit effectivement d’une lecture que j’ai appréciée puisqu’il met en avant un mode de transport non polluant. Effectivement, la réduction des émissions de CO2 dans les villes, l’écologie, soit le concept de ville durable est un point qui me tient à cœur. La prise en compte de la représentation des piéton(ne)s pour aménager en sécurité des voies qui leur sont dédiées et ainsi favoriser leurs déplacements est donc un sujet pour moi très intéressant qui m’a permis d’apprécier cette lecture.
La figure ci-contre, réalisée par moi-même, illustre mon ressenti (de façon très simpliste) dans la différence d’aménagement et d’environnement qui permet aux piéton(ne)s d’avoir un sentiment d’intrusion ou non. La nature a en effet une place plus importante laissant l’environnement plus attractif. La sécurité piétonne est également renforcée par le passage piéton, l’avancée du trottoir, une limitation de vitesse et la protection naturelle des arbres. Le piéton possède ainsi une place plus importante dans la ville. De l’autre côté se trouve simplement du bâti, sans valeur d’attache pour le piéton(ne).
Fiche de lecture réalisée par Moulin Sarah, Étudiante en Master 1 Design Urbain à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine.
L’ouvrage de Philippe Robert s’intéresse au sujet de la marche à pied. La manière dont il aborde ses multiples facettes a fait naître chez moi l’envie de lire cet ouvrage. Au cours de cette lecture, j’ai pu effectuer le lien entre les descriptions de la randonnée qui sont établies et les randonnées que j’ai pu réaliser.
Avant-propos
Ce livre comporte deux parties. La première partie de l’ouvrage aborde l’expérience de la marche concernant les aspects sensoriel et esthétique. Ressentir et interpréter l’espace, le lieu, appréhender d’une autre manière la marche dans la ville ; de nombreux sujets sont abordés. Dans la deuxième partie, Philippe Robert présente différents exemples de randonnées à travers le monde et nous explique la richesse de ces lieux en liant cela aux effets de la marche.
Présentation – 1ère partie
Philippe Robert va décortiquer l’expérience sensorielle et esthétique de la marche dans la nature et dans la ville. Il fait remarquer que même si les gestes sont identiques pour tous (placer un pied devant l’autre), les réflexions qui traversent l’esprit du marcheur sont singulières et subjectives, ce dernier interprétant à sa manière les différents éléments croisés au cours de son cheminement. D’autre part, l’effort que l’on fait pendant une randonnée constitue une source de plaisir et de satisfaction. Pour l’auteur, l’expérience de la marche en ville est différente puisque dans un tel cadre, la quantité d’informations est plus importante, il faut donc avoir une cadence plus lente pour avoir le temps de tout assimiler des caractéristiques de l’espace urbain traversé.
Dans la partie « apprendre à percevoir l’espace », l’auteur indique que la compréhension de l’espace ne s’effectue qu’au travers de la marche. Ainsi, afin de ressentir l’espace, de l’avoir à l’esprit, il faut « se déplacer, tourner, revenir en arrière, regarder sous tous les angles ». L’analogie entre le cinéma et la marche à pied qu’a effectué Philippe Robert m’a semblé intéressante : le cinéma possède le privilège de l’espace et le film s’enrichit du mouvement, comme peut le faire le marcheur.
Ensuite, dans « regard, marche et territoire », l’auteur évoque le fait qu’une marche devrait toujours commencer par un petit sommet (belvédère, église, immeuble-tour). L’objectif étant d’en apprendre davantage sur le tissu de la ville, son histoire à travers une vue de haut.
« Savourer l’espace de la ville » : par ce titre Philippe Robert entend l’idée de prendre son temps, de savoir ralentir, afin d’être dans un moment de détente. Prendre le temps à travers la marche permet d’aller au bout des choses, de creuser les secrets de la ville. Par ailleurs, toujours dans l’idée de prendre son temps, l’auteur indique que marcher dans la ville, c’est aussi savoir s’arrêter et c’est uniquement la marche qui peut permettre cela. Ainsi, le marcheur est en éveil avec ce qui l’entoure et peut appréhender chacune des significations qu’il croise. L’auteur emploi le terme « flâneur » pour qualifier le plus justement cela. Il cite Jean-Jacques Rousseau : « Je ne puis méditer qu’en marchant ; sitôt que je m’arrête, je ne pense plus, et ma tête ne va qu’avec mes pieds ». Il conclut cette partie en précisant que de nos jours, nous diminuons nos domaines piétonniers au profit des transports publics et du vélo, au détriment de la marche.
Dans une dernière sous-partie, « Marcher pour mieux se perdre », Philippe Robert cite un géographe et écrivain ayant pratiqué des itinéraires en méandres lors de ses randonnées : « le détour donne de l’épaisseur au voyage ». Cette citation est intéressante dans le cadre de notre sujet d’atelier car il fait écho à la manière dont parfois, nous nous laissons déambuler sans objectif afin d’aboutir au tracé retenu dans le cadre de notre sentier métropolitain.
Présentation – 2ème partie
Dans cette deuxième partie, l’auteur évoque quelques randonnées dont il a été acteur. A travers ces exemples, nous passons par la Corée du Sud et ses temples de montagnes, isolant le marcheur de tout monde civilisé ; par Copenhague et son parc dont les formes, les lumières, les textures et les sons sont autant d’éléments qui apaisent le marcheur ; mais aussi par le Japon, dont les sources chaudes pour la pratique du bain sont historiques et synonymes de récompense après une journée de marche en procurant un sentiment d’accomplissement ; et enfin, à Oslo en Norvège, où l’on peut marcher sur un opéra dont l’architecture montagnesque permet de le gravir comme une montagne. Bien d’autres exemples sont cités par l’auteur : en Suisse avec les thermes de Vals, en France avec les citadelles d’altitudes, en Italie avec les lagunes de Venise en Kaya, etc…
Fiche de lecture réalisée par Charra Arnaud, Étudiant en Master 1 Design Urbain à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine.
Dans ce livre, l’auteur – Thierry Davila – étudie et analyse le déplacement, un thème récurrent dans l’art. Il s’appuie ainsi sur le travail de Gabriel Orozco, Francis Alÿs et du groupe Stalker afin d’évoquer cette notion par la marche, la flânerie, la mobilité ou encore le mouvement.
Thierry Davila évoque le fait que la marche et le mouvement soient dans une dimension plastique, des outils de réalisation artistique. Le franchissement physique d’une distance spatiale peut constituer une œuvre, tracer un signe d’équivalence entre la marche et la création. Au 19e siècle, le philosophe allemand Karl Gottlob Schelle fait de la promenade un art. Pour lui, cette activité n’est pas un simple mouvement du corps mais une action dans laquelle l’esprit est engagé. Dès cette période, le déplacement de l’homme devient ainsi un objet d’études à part entière ayant des conséquences directes dans l’art. Les mouvements, circulations, déplacements sont utilisés comme des processus de mise en forme d’une œuvre, comme des outils de création et de réalisations artistiques. Cela s’accompagne d’une modification des lieux de la pratique artistique, la notion d’atelier comme lieu de production commence alors à se défaire et les artistes sortent pour être en mouvement eux-mêmes, pour parcourir les espaces extérieurs à leurs ateliers.
Dans son travail, Gabriel Orozco traite le déplacement dans son utilisation directe mais aussi par l’emploi d’éléments ou d’objets. Il aborde le déplacement grâce à différents moyens exprimant ou rendant possible la mobilité. Il fait ainsi du déplacement un moyen d’appliquer sur le monde un regard car le jeu du mouvement et du regard interviennent l’un comme l’autre dans l’appréciation du réel. Ainsi au cours de la marche et donc de la visualisation du monde, le déplacement est un travail dans l’espace mais aussi dans la durée. G. Orozco a réalisé des œuvres directement liées au déplacement avec une approche sculpturale de la mobilité. Il explore alors le rapport au temps, à l’activité de la durée dans la marche. En effet, la marche invite à s’engager dans une relation avec l’histoire, sollicite la mémoire. Le déplacement décrit donc une relation entre la ville, la mémoire, la marche, l’espace et le temps.
De son côté, Francis Alÿs utilise la marche et le déplacement comme des manières de réaménager les dispositifs urbains et ainsi d’élaborer et de construire un regard sur la ville. Dans un de ces projets intitulé The collector, il imagine le paysage urbain à partir de débris récoltés au cours d’une marche dans la ville. Ceux-ci révèlent et traduisent la vie de la ville et en font ainsi une description possible, pouvant mener à une étude du tissu urbain. À travers ses différents travaux, on peut voir que la marche implique que le piéton doit savoir prendre son temps, se laisser aller, se perdre pour initier des itinéraires. Dans certaines de ses œuvres, il démontre alors que le déplacement peut ne rien devenir et insiste sur le fait que la marche peut mener à un caractère méditatif. Alÿs invite à un déplacement s’opposant au rythme et aux accélérations de la ville, à un mouvement décalé de la précipitation urbaine. Il propose ainsi de prendre le temps d’effectuer le déplacement. Ses actions ont pour objectif de transformer la ville en interrogeant la vitesse et l’organisation, en donnant une autre ampleur au territoire.
Pour le groupe Stalker, la marche est une œuvre qui s’effectue collectivement. Le déplacement est leur matière première dans le contexte urbain, c’est un outil de production collective. La déambulation est ainsi créatrice par le groupe. Ils parcourent tout particulièrement les espaces d’endormissement de la ville (les terrains vagues par exemple), arpentent les territoires refoulés de la ville. Leur rapport au contexte urbain est ainsi différent, ils traitent les espaces pour regarder le dépaysement, pour ébranler l’appréhension familière et fréquente que l’on a de la ville.
« Percevoir l’écart en accomplissant le passage entre ce qui est sûr, quotidien, et ce qui est incertain, à découvrir, génère une sensation de dépaysement » Manifeste du groupe Stalker.
Ainsi, à travers leurs travaux, les artistes questionnent la capacité de déplacement de l’homme et sa mobilité grâce à différents dispositifs. La création et/ou la présentation de l’œuvre s’articule autour du déplacement lui-même. Certains travaux font ainsi du déplacement le sujet, le cœur de l’œuvre, d’autres l’utilisent comme moyen de création. Le mouvement s’est ainsi affirmé comme un outil, une matière première à l’élaboration d’une œuvre. Le trajet, le déplacement du marcheur étant des activités éphémères, la forme que l’artiste leur fait prendre dans son œuvre permet de pérenniser et de témoigner ces actions.
Cet ouvrage témoigne ainsi de la capacité de la marche à expérimenter le réel et l’espace. L’expérimentation du déplacement permet un changement de décor, un dépaysement pouvant entraîner la redécouverte et la réactivation des sensations et du regard. La marche permet la création d’un rythme, d’une géographie, d’une histoire créés selon les hasards du parcours, les rencontres faites, les sensations ressenties.
Fiche de lecture réalisée par Onno Youna, Étudiante en Master 1 Design Urbain à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine.
Henry-David Thoreau est philosophe, poète et naturaliste. Il est né à Concord dans le Massachusetts aux Etats-Unis en 1817 et il y est mort en 1862. Diplômé d’Harvard, il devient instituteur à l’école publique de Concord avant d’ouvrir une école avec son frère. Henri-David Thoreau quitte à 28 ans sa ville natale et va vivre quelques années dans une cabane au milieu d’une forêt, près d’un lac.
Après avoir enseigné, Henry-David Thoreau va cumuler plusieurs métiers et va commencer à écrire un certain nombre d’ouvrages. Il rédigea notamment les livres ‘Les forêts du Maine’ ou encore ‘La désobéissance civile’ qui inspira de grandes personnalités durant les courants de la résistance. Il a également écrit « Marcher » (‘Walking’ en anglais). A l’origine, les propos tenus dans ce livre sont racontés lors de conférences afin que les auditeurs et auditrices puissent s’évader de la vie américaine. C’est seulement à titre posthume, en 1872, que le texte paraît sous la forme d’un livre.
II/ Résumé du livre ‘Marcher’
Ce livre est un essai mélangeant passages poétiques et observations naturalistes. Il y est fait un éloge de la marche et de la flânerie. Marcher est un art de vivre qui exige de marcher plusieurs heures par jour, et c’est pour cela que Henry-David Thoreau s’adonnait à cette activité près de 4h quotidiennement. La marche est aussi un moyen d’affirmer sa liberté, de fuir les villes et ses clôtures qui ne permettent pas à l’individu de trouver sa place dans ce monde. L’auteur témoigne de compassion pour les personnes qui travaillent dans leur bureau toute la journée. Pour lui, il est impensable de rester assis, car les jambes sont faites pour marcher et marcher permet de s’éveiller à soi-même par la communion avec la nature.
III/ Mon avis sur cet ouvrage
Pour Henry-David, flâner dans la nature est libérateur et reposant. J’ai bien ressenti ce sentiment durant la sortie effectuée dans le cadre de l’élaboration d’un sentier métropolitain, notamment lorsque j’ai entendu le chant des oiseaux et les sons de la forêt. A ce moment-là, je me suis sentie apaisée et déconnectée de toutes les préoccupations du quotidien.
De plus, le sentier métropolitain que nous élaborons demande plusieurs heures de marche et c’est ce que préconise Henry-David Thoreau. Pour lui, une promenade doit durer au moins 4h afin que cette activité ait des répercussions positives sur la santé mentale. Selon l’auteur, lors d’une balade, la moitié du chemin parcouru sert à revenir sur nos pas et par prolongement, à revenir sur soi. Le fait de revenir sur nos pas permettrait ainsi de faire une introspection et de prendre du recul sur certaines situations.
Henry-David Thoreau déclare qu’il faut toujours aller à l’Ouest pour se promener car l’Ouest est synonyme de l’avenir et l’Est désigne le passé : pour lui, l’Amérique désigne l’avenir et l’Occident le passé. Je trouve cela étonnant car l’écrivain n’est jamais vraiment parti à l’Ouest de l’Amérique. Il est toujours resté à Concord dans le Massachusetts, un des États le plus à l’Est des Etats-Unis. Il a habité soit chez ses parents, soit dans une cabane près du Lac Walden. Je me demande pourquoi il n’est jamais parti à l’Ouest de l’Amérique.
Selon l’auteur, l’être humain est cloîtré par les limites de la ville et ne peut pas véritablement s’ancrer dans l’espace. Pour s’ancrer dans l’espace, Henry-David Thoreau préconise de marcher dans la nature sauvage. Dans le cas du sentier métropolitain, le trajet élaboré permet de franchir les clôtures de la ville pour venir marcher dans la nature, où nous nous retrouvons ainsi entourés de champs et de forêts. Cette marche en milieu naturel permet alors à l’être humain de retrouver sa liberté, de s’épanouir dans l’espace et d’entrer en communion avec la nature. Ainsi, pendant un lapse de temps, l’être humain fait partie intégrante de la nature et se détache de la société dont il est membre. Cette réflexion rejoint l’idée que je me faisais de la place de l’individu sur la Terre : l’être humain a souvent tendance à se mettre en dehors de la nature et même à se croire au-dessus d’elle, alors qu’il en a besoin pour vivre. Il fait partie d’un système complexe dans lequel il évolue perpétuellement.
Fiche de lecture réalisée par Méret Charlotte, Étudiante en Master 1 Design Urbain à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine.